2 avril 2020. Carouge, Suisse. Autoportrait de la série "Quarantaine". Nu aux gants en nitrile, et à la robe de mariée en papier toilettes. Le nu est la seule chose tangible dans cette ère d'incertitude liée à la crise sanitaire du covid-19. Les gants expriment la privation du sens du toucher, du fait de la distanciation sociale. Normalement, seuls les grands paralysés subissent cette privation, de même que les morts, mais ils ne sont plus là pour en pâtir. Les enlever me procure le sentiment d'être encore vivante, malgré la solitude et l'isolement. Photographe de mariage entre autres spécialités, j'ai dédié ce portrait au showroom Au Boudoir du Mariage dont j'apprécie la gérante Christine Le Marrec. Mais il est dédié aussi à tous les photographes, prestataires de mariages, qui se sont retrouvés du jour au lendemain dans la plus grande incertitude. De même, ça m'a fait de la peine pour mes futures mariées qui ont vu leur rêve de porter LA robe leur échapper. J'ai donc décidé de leur remonter le moral, d'en confectionner une avec les moyens du bord, recyclable, en papier toilettes, pour l'occasion et pour le symbole, car les rayons sont vides depuis des jours.@ Audrey Leclerc