17 avril 2020. Autoportrait de la série "Quarantaine". Nu aux gants en nitrile, à la jupe et au doigt pointé vers le ciel. Le nu est la seule chose tangible dans cette ère d'incertitude liée à la crise sanitaire du covid-19. Les gants expriment la privation du sens du toucher, du fait de la distanciation sociale. Normalement, seuls les grands paralysés subissent cette privation, de même que les morts, mais ils ne sont plus là pour en pâtir. Les enlever me procure le sentiment d'être encore vivante, malgré la solitude et l'isolement. J'ai commencé cette série d'images dans le plus simple appareil. Sur les réseaux, les caractéristiques sexuelles doivent être cachées. Chaque jour, je me demande si je ne vais pas recevoir une mise en garde. Le confinement sera bientôt levé. Je tempère mes idées, peut-être même, vais-je commencer à me rhabiller. Pour autant, je crois qu'il ne faut pas taire ce qui nous définit. La beauté s'exprime par le corps et se trouve exacerbée par l'esprit, mais reste subjective. L'important, c'est l'émerveillement. @ Audrey Leclerc