La peau de la ville.
La mise en scène de marchandises, la pléthorique richesse de signes qui se bousculent dans les vitrines, me pousse à m’interroger sur ce que peut me révéler du monde dans lequel je vis, cette peau de verre, où s’accroche mon regard et le réfléchit.
Mais la vitrine est bien plus qu’un étal de biens de consommation et d’objets sacralisés. Elle est un miroir dans lequel se reflètent le désir du chaland, le mouvement de la rue, les passants et, derrière eux, l’architecture. Elle révèle de nouvelles formes de sollicitations visuelles, corollaire du brassage ethnique des villes. La vitrine nous renseigne sur le dépérissement de certaines rues, sur la spéculation, sur la nature et habitudes des habitants de certains quartiers. Elle raconte la vitalité commerciale ou son déclin. Mais elle est aussi ce qui anime la ville, l’éclaire la nuit et rend les trottoirs moins sinistres.
Pour certains, elle peut être mensonge et séduction à la fois. L’espace où est célébré et fétichisé le triomphe de la marchandise. Brisée souvent lors des émeutes comme un miroir qui reflèterait un monde dans lequel on ne se reconnait pas.
Elle est une surface surinvestie de signes contradictoires entre un dedans et un dehors où les reflets du monde extérieur et son mouvement se confondent avec celui de la marchandise exposée. Elle chambre le désir en s’offrant mais le repousse simultanément. Jusqu’à l’arrogance parfois. Elle est un cadre aussi, qui comme la photographie, exclut plus de choses qu’elle n’en montre. Avec pourtant l’indéniable avantage sur la photographie de la troisième dimension : par la porte, on peut traverser le verre et avoir accès à l’objet de son désir.
Mais voilà qu’un trouble est jeté sur le derme vitré.
Le smartphone, vitrine écran qu’on transporte dans la poche, réduit la vitrine de l’espace urbain à un mouchoir de poche. L’enivrante ubiquité de l’écran où d�